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elle vit un paysan qui maltraitait une vieille femme, parce qu’en marchant elle avait eu le malheur de casser un pot plein de lait, qu’elle ne voyait pas, et qui appartenait au paysan. Cette femme protestait qu’elle ne l’avait pas fait exprès ; que c’était la faute de sa vue qui était basse ; qu’elle_en était bien fâchée : rien ne pouvait appaiser cet homme brutal qui, loin de recevoir ses excuses, continuait à lui dire les injures les plus grossières, et paraissait disposé à la battre. Émilie qui était toujours équitable quand il était question de choses qui n’intéressaient pas son orgueil, dit à ce brutal : Pourquoi querellez-vous cette pauvre vieille qui vous demande pardon ? Elle est fâchée, d’avoir répandu votre lait ; il faut le lui pardonner. Il n’y a rien de si vilain que de gronder les gens pour une chose qu’ils ont faite sans le vouloir et par accident, sur-tout si cette chose ne peut se réparer. Tenez, voilà un écu pour payer votre pot et votre lait ; qu’il n’en