Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(193)

d’aller chercher son père ; non, lui dit de Clerville, je l’attendrai ; et, étant avec vous, continua-t-il, je ne m’apercevrai point de son retardement. Angélique le remercia de sa politesse avec grâce. Le marquis lui demanda, si son séjour chez son père serait long ; elle lui répondit qu’elle comptait dans quelques jours retourner au couvent.

Quoi ! si vite, répartit de Clerville. Vous renfermez-vous volontiers ; n’aimeriez-vous pas mieux rester ici ? Si j’en avais grande envie, reprit-elle, mon père a assez d’amitié pour moi pour ne s’y point opposer ; mais je suis élevée dès la plus tendre enfance dans le couvent ; on y a mille bontés pour moi : l’habitude d’y être ; et la tranquillité que j’y goûte, me tiennent lieu de grands amusemens. Cela est bien sage, lui répartit de Clerville ; mais parlez-moi franchement : votre goût pour la retraite vient-il de votre inclination naturelle, ou de quelque chose qui détermine votre raison ?