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de mépris, pour ses égaux, elle ne se trouve pas faite pour vivre avec eux, ni pour se livrer aux occupations que son peu de bien la forcerait de prendre.

Cependant, elle craint de s’engager dans un état dont la mort seule peut la délivrer, et moi, je crains tout, si je mourais avant qu’elle eût choisi un parti. Elle pense bien ; mais quelle assurance peut-on concevoir d’une jeune fille livrée à elle-même ? Si son cœur lui parle pour quelqu’un, à quoi sera-t-elle exposée ?

Sa fille entra comme il finissait ces mots : le marquis ne put la voir sans admiration : il lui parla, elle répondit avec modestie ; mais avec tout l’esprit possible. Il revint au château : l’idée d’Angélique l’y suivit ; dès ce jour, il se rendit plus souvent chez son fermier. Il y voyait cette belle, et mettait tout en usage pour qu’elle pût lire dans ses yeux que le plaisir de la voir l’y attirait.

Au bout de quelque tems, il la trouva un jour seule dans la maison : elle offrit