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de la sacrifier aux intérêts de mon fils ; tous deux me sont également chers. Cependant, je consentirais volontiers à donner la moitié du peu de bien que j’ai, pour lui voir prendre ce parti ; et ce n’est que pour son bien que je fais un pareil souhait. Car, enfin, quel établissement pourrais-je lui procurer ? Aucun, où elle puisse trouver tant de bonheur que dans un cloître ; et, je puis ajouter, qui soit plus digne d’elle. Oui, continua le bon homme, je puis parler ainsi ; et quiconque la connaîtra, ne pourra penser qu’une aveugle tendresse me conduise dans l’idée que j’en ai.

Elle n’entre donc point dans vos sentimens, répondit le marquis, et le cloître n’est pas de son goût ? Si fait, répartit le père ; mais elle ne peut se résoudre à prendre le voile ; ce n’est pas qu’elle pense à se marier, elle sent comme moi que je ne puis lui procurer dans cet état le bonheur qu’elle mérite. Son cœur est élevé au-dessus de sa condition ; et, sans avoir