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on lui annonça son bonheur, qu’il eut peine à croire. Le colonel promit à Marianne de faire avoir à son amant l’agrément d’une compagnie de milice ; et, trois jours après, le mariage s’acheva publiquement. Marianne, la veille de ce grand jour, écrivit la lettre suivante à Disenteuil.

« Vous me permettrez bien, monsieur, de vous témoigner ma vive reconnaissance, et de vous prier de me faire l’honneur d’assister à la célébration d’un mariage qui est votre ouvrage. J’avais déterminé de ne donner la main qu’à un noble, et j’entendais par-là un homme qui pensât noblement : j’avouerai que j’étais dans l’erreur, en ce que je pensais que les sentimens étaient une suite nécessaire de la naissance ; vous m’avez détrompée. L’amour, en inspirant à Robillard des sentimens dont vous n’aurez jamais la moindre idée, lui a donné à mes yeux des titres de noblesse d’autant plus précieux, qu’il ne les doit qu’à lui.