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fille de passer sur-le-champ chez lui.

Aussitôt qu’il vit Marianne, qui lui demanda, avec empressement, s’il n’avait aucune nouvelle de Robillard, il lui prit les mains, et la regardant fixement : à quoi dois-je attribuer votre empressement, lui dit-il ? Tant de vivacité m’annonce beaucoup de haine ou beaucoup d’amour ; apprenez-moi laquelle de ces deux passions vous anime. L’amour, lui répondit Marianne, en rougissant ; et je ne sais pourquoi je rougis en vous le disant, puisque Robillard doit en arrivant devenir mon époux. Et tout de suite elle allait conter son histoire au colonel ; mais celui-ci, en l’embrassant, lui dit : belle Marianne, j’envie le sort de votre amant ; mais je crois qu’il le mérite ; vos sentimens vous rendent plus charmante à mes yeux, que votre beauté que j’ai admirée jusqu’à ce jour.

En même tems, le comte fit appeler Robillard qui, surpris de voir monsieur Dupuis et sa fille, se jeta à leurs pieds ;