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le dernier de tous les hommes ? Elle s’y résolut, supposé que son père fût assez complaisant pour y consentir.

Le bon homme en fit d’abord difficulté, par la crainte de ce qu’on dirait dans le monde d’un pareil mariage ; mais sa fille lui fit entendre que ces discours ne seraient rien, en comparaison de ce qu’on dirait, si elle ne le faisait pas. Robillard avait vécu librement avec elle, sous les yeux du père à la vérité ; mais la malice de Disenteuil empoisonnerait ce commerce ; il se ferait un malin plaisir de conter cette histoire à l’oreille de qui voudrait l’entendre, et leur absence confirmerait tout ce qu’il dirait à ce sujet.

Monsieur Dupuis, moins persuadé des raisons de sa fille, que touché de l’amour qu’il lui croyait pour Robillard, qu’il aimait lui-même comme son fils, promit à Marianne de la laisser maîtresse absolue, si elle pouvait découvrir la retraite de son amant. Cela paraissait difficile ; la lettre n’était point signée, et il ne don-