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arraché : enfin, la vertu devint la plus forte.

Marianne déclara à son père qu’elle était prête à donner la main au marquis, et elle voulut elle-même lui annoncer son bonheur. Une tristesse que Robillard essayait en vain de cacher, et qu’elle prenait pour un effet de son amour, l’avait déterminée en sa faveur, d’autant plus qu’elle était contente des remarques qu’elle avait faites. Quelle fut sa surprise de ne voir dans son amant aucuns de ces transports auxquels elle devait s’attendre ! La douleur la plus vive se peignit sur le visage de Robillard, et ses larmes coulèrent malgré lui. Après avoir demeuré quelque tems enseveli dans une profonde rêverie, il se leva ; et, ayant baisé la main de Marianne, sans oser la regarder, il sortit de la chambre.

Cette fille ne savait à quoi attribuer une conduite si extraordinaire ; elle fit appeler son père ; et, pendant qu’elle lui raconta ce qui venait de se passer, on vint