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régulièrement une fois chaque année.

Disenteuil qui avait tremblé, lorsqu’on avait parlé de délai, fut rassuré, lorsqu’il apprit qu’on allait à la campagne. Marianne, en cherchant à connaître le caractère de Robillard, lui découvrit toute la beauté du sien ; et ce garçon qui, jusques-là n’avait eu que de faibles remords sur la mauvaise action qu’il allait commettre, commença à la regarder comme un crime, digne des plus grands châtimens. L’amour lui découvrit ce qu’il devait à la probité, à l’honneur ; et, comme cet amour augmentait à tous les instans, ses remords prenaient aussi de nouvelles forces. Il les combattit quelque tems, parce qu’il ne pouvait envisager sans horreur la situation dans laquelle il allait se trouver. Tout allait disparaître pour lui, au moment qu’il quitterait son personnage ; son seul amour lui resterait pour troubler tout le bonheur de sa vie, supposé qu’il pût parvenir à se faire une autre situation que celle à laquelle Disenteuil l’avait