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sait ceux qui ne pensaient pas comme elle de stupidité, d’entêtement et d’arrogance, comme si tout l’esprit du monde eût été renfermé dans sa tête.

Je vous ai dit qu’Émilie était riche ; j’ajoute qu’elle était fort généreuse ; elle faisait de grands présens aux personnes qu’elle aimait ; mais elle n’aimait que celles qui étaient de son avis. Elle leur trouvait alors de l’esprit et du mérite. Il est vrai que si, après l’avoir louée et applaudie pendant une année, on hasardait de lui donner un petit conseil, on perdait sur-le-champ ses bonnes grâces. Elle avait une sœur, fille de son père, mais qui était d’une autre mère ; elle se nommait Éliante. C’était une fille de bon sens, qui aimait véritablement Émilie, et qui ne pouvait souffrir que les flatteurs empoisonnassent son heureux naturel. Éliante n’était pas riche, parce que tout le bien était du côté de la mère d’Émilie ; il est vrai que cette dernière qui, comme je l’ai dit, avait le cœur bon ; ne la lais-