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fortune était immense. Cet homme que je nommerai Disenteuil, était né au milieu de l’opulence. Son père, au sortir de son village, avait porté la mandille ; et, après avoir passé par tous les degrés, était parvenu au grade de fermier-général ; mais, s’il réussit à donner à son fils l’extérieur d’un honnête homme, il ne put venir à bout de lui en donner les sentimens qu’il n’avait pas lui-même.

Disenteuil, maître de ses actions par la mort de son père, ayant vu Marianne, résolût d’en faire son épouse. Dans les principes de cette fille, ce mariage était celui qui lui convenait le moins ; elle était persuadée que ces fortunes rapides ne se font qu’aux dépens de la probité, et elle déclara très-positivement à ce nouvel amant, qu’elle n’accepterait jamais l’honneur de son alliance.

Disenteuil, piqué de ses refus, chercha à en deviner la cause ; et, l’ayant apprise, il résolut de punir Marianne par l’endroit le plus sensible. Il avait remarqué à la