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que tout ce que je pourrais vous dire.

Un marchand de Paris, fort riche, avait une fille unique nommée Marianne ; cette fille était accomplie et, comme elle était unique héritière, elle ne manquait pas d’adorateurs. Son père, nommé Dupuis, qui avait pour sa fille une tendresse sans bornes, lui laissa le choix d’un époux, et promit d’agréer pour gendre, celui en faveur duquel elle se déterminerait. Marianne avait été élevée par une vieille demoiselle qui n’avait d’autre héritage que sa noblesse, de laquelle elle était si fort entêtée, qu’elle ne pouvait se persuader qu’un roturier fût capable de penser et d’agir noblement. Elle communiqua ses sentimens à son élève ; et Marianne prit une forte résolution de demeurer fille, ou de ne perdre ce nom qu’en faveur d’un gentilhomme, fut-il le plus pauvre de tous les cadets que produit la Gascogne.

Elle avait déjà refusé plusieurs partis considérables, lorsque le hasard lui fit connaître un homme d’affaires dont la