Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(164)

des hardes qui lui étaient restées, sort de la chambre et de cette maison, avec autant de précipitation que si elle eût craint de la voir s’écrouler. Henriette, n’ayant aucune vue fixe, marcha assez long-tems : enfin, un embarras de carrosses l’ayant forcée de s’arrêter, elle lut un billet qui lui apprit qu’il y avait dans la maison proche de laquelle elle était, une chambre, ou plutôt un grenier à louer. Heureusement pour elle, la femme, à laquelle appartenait ce grenier, entendait le français, et avait de l’humanité et de l’honneur. Elle fit quelques questions à Henriette, qui l’assura qu’elle ne recevrait aucune visite, et qu’elle ne sortirait qu’une fois la semaine pour vendre son ouvrage. Cette femme, à qui la figure d’Henriette avait donné quelque crainte, fût tranquillisée par ce discours. Elle la reçut, et consentit par la suite à lui donner en échange de son travail, l’absolument nécessaire pour ne pas mourir de faim.