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quelques heures, et la laissa à elle-même.

Henriette, seule dans son cabinet, y éprouva d’abord une sorte d’anéantissement qui lui ôta l’usage des facultés de son ame ; ensuite, par un mouvement machinal, elle se jeta à genoux, leva les yeux et les mains au ciel, sans pouvoir ni former un sentiment, ni proférer une parole, ni même jeter une seule larme. Son cœur était pourtant d’accord avec sa posture : cette attitude était la seule prière dont elle fut capable alors, et c’était vraiment une prière, car elle était accompagnée d’un sentiment confus de son impuissance, d’un aveu de sa confiance en l’Être Suprême qui seul pouvait la secourir. Ses sentimens percèrent jusqu’au trône de la miséricorde de Dieu ; sa grâce les avait excités en elle : elle avait obéi à cette grâce ; il se hâta de la secourir. Une lumière vive vint éclairer cette malheureuse fille, et lui découvrit la seule ressource qui lui restait. Fidelle à cette lumière, elle se lève, fait un petit paquet