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épouse, ne lui permit pas de l’abandonner ; et les perquisitions exactes qu’il fit faire par toute l’Angleterre, ne lui ayant donné aucune lumière sur le sort de sa fille, il se persuada que son ravisseur l’aurait conduite en Allemagne. De retour chez lui, il publia qu’Henriette était allée en France chez une de ses sœurs, et qu’elle y passerait quelques mois.

Cependant, cette fille infortunée arriva à Londres, où son amant la tint soigneusement enfermée, sous prétexte de la dérober aux perquisitions qu’on ferait d’elle. Les premiers jours, il partagea sa solitude ; mais bientôt, dégoûté par la possession, il ne daigna pas lui cacher l’ennui qu’elle lui inspirait. Henriette lui avait rappelé plusieurs fois la promesse qu’il lui avait faite de l’épouser, et il en avait éludé l’accomplissement sous divers prétextes. Enfin, ce monstre, las de dissimuler, lui déclara sans détour, qu’elle ne devait pas compter sur lui, à moins de se soumettre aux vues qu’il avait sur elle. J’ai joué,