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La mère d’Henriette gronda, se plaignit, pleura, s’appaisa ensuite, et promit à son époux de paraître tranquille, et de dire que sa fille était allée à la campagne, où elle allait elle-même passer quelques jours ; mais, au lieu de lui faire prendre la route de cette maison, le marchand la conduisit chez un ami, auquel il ne pouvait se dispenser de confier son secret. Ce fut là qu’il apprit à son épouse la vérité de toute cette aventure, et qu’il la conjura de lui aider à dérober à toute la terre la mauvaise conduite de sa fille. Il pria son ami de faire partir des exprès pour toutes les villes frontières de France, avec des lettres adressées à tous les commandans des places, pour les conjurer de faire mettre Henriette dans un lieu de sûreté : mais ces lettres ne partirent pas ; le marchand apprit, par hasard, que sa fille s’était embarquée dans un vaisseau qui partait pour l’Angleterre, et il se détermina à l’y suivre. Une maladie dangereuse, que le chagrin occasionna à son