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et, pour ne plus parler de cette malheureuse, le faux comte mit une dose d’opium dans son vin, lorsqu’ils furent à la dernière ville de la république, et l’abandonna dans une auberge, en lui enlevant son argent et ses hardes. Cette femme apprit à son réveil le départ de son perfide et, comme on la croyait mariée avec ce scélérat, on lui fit une quête, avec laquelle elle retourna en France, où elle s’enferma dans une maison de pénitence, d’où elle écrivit aux parens d’Henriette une confession de tous ses crimes.

J’ai oublié de vous dire qu’Henriette, en quittant la maison paternelle, avait laissé une lettre pour son père. Elle lui demandait mille pardons de la démarche que l’amour la forçait de faire ; lui disait qu’elle allait en France, et qu’il apprendrait bientôt qu’elle avait fait une alliance au-dessus de tout ce qu’elle pouvait prétendre.

Un coup de foudre eût donné moins de frayeur à ce père infortuné, que ne lui en