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à prendre une partie du bien qui devait lui appartenir un jour tout entier, elle se disait à elle-même que cette action pouvait être excusée par les circonstances où elle se trouvait.

Lorsqu’elle fut seule avec Henriette, elle lui répéta, mot pour mot, la conversation qu’elle avait eue avec le comte sans ajouter une seule parole qui pût l’exciter à prendre des mesures capables de faire réussir leur criminel dessein. Hélas ! la faible Henriette n’avait pas besoin d’être sollicitée : après avoir consenti au premier crime, voler son père lui parut une bagatelle qui ne méritait pas le plus petit scrupule. Elle se saisit d’un porte-feuille qui ne renfermait heureusement que trois mille pièces en billets de banque ; et la nuit suivante, ces deux abusées furent joindre les deux fourbes qui les attendaient. Le baron, à qui Henriette avait remis le porte-feuille, partagea ses trois mille pièces avec son complice, qui prit le chemin d’Allemagne avec la Benoît ;