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compté sur une fortune brillante ; et il fallait rabattre de ses idées à cet égard ; mais cette fortune, toute médiocre qu’elle eût paru en Hollande, était considérable en Allemagne : elle était préférable à la pension que sa fidélité pour les parens d’Henriette pouvait lui assurer ; et d’ailleurs, elle serait unie pour jamais à un amant qu’elle aimait, et dont elle était adorée ; à un amant qui s’était exposé à la perdre, plutôt que de la tromper ; à un homme, enfin, dont l’ame était si belle, qu’il ne pouvait se résoudre à sacrifier le bonheur de son ami au sien propre. Elle entrevoyait un moyen de faire disparaître le seul obstacle qui pouvait retarder son mariage ; cependant, comme il dépendait d’Henriette, elle demanda jusqu’au lendemain pour répondre au discours du comte.

Quelqu’amoureuse que fût la Benoît, elle n’avait pas l’ame assez basse pour conseiller un vol à Henriette ; mais si cette jeune fille se déterminait elle-même