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vez qu’un homme riche en Allemagne, le soit en Hollande. En vivant dans mon pays, je puis y entretenir un équipage et un nombreux domestique avec mon revenu, qui suffirait à peine pour me faire vivre ici en simple gentilhomme. Je ne vous cacherai pas même que mes voyages m’ont un peu dérangé ; que je serai forcé de passer deux ou trois ans sur mes terres, pour me mettre en état de paraître à la cour de mon prince, sur le même pied où j’y étais autrefois. Vous concevez, par cette confession sincère, que je suis hors d’état de mettre mon ami en situation de profiter de vos bontés et de celles d’Henriette : car je ne puis vous dissimuler que cette jeune personne ne serait pas en sûreté sur mes terres. La famille du baron est puissante : on traiterait d’illusion son mariage avec Henriette ; du moins se croirait-on autorisé à le faire casser, parce que mon ami n’a pas l’âge fixé par les lois, pour se marier sans le consentement de ses parens. Il faudrait donc qu’il pût se