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faible vertu ne put la soutenir contre le danger de perdre son amant, et, encouragée par son indigne gouvernante, elle la laissa maîtresse de sa conduite. La Benoît annonça le soir, au comte, que son élève était prête à faire tout ce qu’il croirait le plus propre à sauver son ami ; que cette jeune personne lui avait avoué qu’elle aimait passionnément le baron, et qu’elle serait malheureuse avec tout autre époux, fût-il un prince. Je n’ai pas eu le courage, ajouta la Benoît, de la jeter dans le désespoir, en combattant inutilement une passion insurmontable ; et, pourvu que votre ami lui donne sa foi en ma présence et en la vôtre, elle le suivra par tout en qualité d’épouse. Pour vous, mon cher comte, qui ne dépendez que de vous même, je ne crois pas que vous remettiez a un autre tems ce que vous avez dessein de faire en ma faveur. Nous pouvons nous unir ici, et suivre ensuite nos jeunes époux. Le faux comte parut transporté de joie à cette proposition : il n’entretint la Benoît que de la