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elle-même ; et, lorsqu’elle la vit épuisée par les mouvemens contraires qui l’avaient agitée tour-à-tour, elle lui dit qu’elle ne voyait qu’un remède à ses maux, mais qu’il lui fallait du courage pour le mettre en pratique. Henriette, l’ayant pressée de parler, elle lui dit :

Il est certain, mademoiselle, que le baron vous adore ; le comte m’a fait entendre qu’il cherchait, depuis trois mois, l’occasion de vous déclarer ses sentimens. Son amour, auquel il est déterminé à sacrifier sa fortune, n’a point été soutenu par l’espoir. L’orgueil de ses parens, l’avarice des vôtres, sont des obstacles invincibles à son union avec vous ; si vous êtes résolue à ne vous donner que de leur consentement, il faut donc vous résoudre à le laisser partir et à l’oublier, ou à vous donner à lui sans attendre un aveu don, après tout, vous pouvez vous passer l’un et l’autre.

Quelque passionnée que fût Henriette, elle frémit à cette proposition ; mais sa