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enlèvement ; mais quelques personnes de sa connaissance, ayant paru à la promenade, elle fût forcée de quitter les deux aventuriers, qui ne doutèrent plus du succès de leurs artifices.

À peine Henriette et sa gouvernante se dirent-elles un mot pendant le chemin. Si la Benoît était occupée de la crainte de perdre son amant, Henriette ne l’était pas moins de la tristesse qu’elle avait cru démêler sur le visage du baron. La Benoît, en lui répétant la conversation qu’elle avait eue avec le comte, la pénétra de douleur, et lui expliqua la cause de la tristesse de son amant. Elle passa les premiers momens à accuser la fortune qui lui avait refusé un sang avec lequel le baron pût s’allier sans hontes ; ensuite elle se disait à elle-même, que son amant l’aimerait bien peu, s’il cédait aux instances de son ami. Quelques momens après, elle se rappelait l’extrémité où elle serait réduite, si l’amour l’emportait sur la raison. La Benoît la laissa long-tems livrée à