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pouvoir lui rien refuser, lui fit cette fausse confidence :

Le baron et moi, lui dit-il, sommes liés dès l’enfance de l’amitié la plus étroite, et je sens que la mort seule peut en rompre les nœuds. Sorti du sang le plus illustre, la fortune de mon ami ne répond point à sa naissance ; et ses parens, dès sa jeunesse, lui ont ménagé une ressource, en le faisant entrer dans l’Ordre Teutonique. La raison seule à faire souscrire mon ami aux engagemens que sa famille a pris pour lui ; il se proposait de repasser incessamment en Allemagne pour s’engager irrévocablement ; la vue de la belle Henriette a renversé toutes ses résolutions. Vainement lui ai-je remontré l’inutilité de sa passion. Les parens de celle qu’il adore ne consentiront jamais à l’unir à un homme sans fortune : il ne peut donc qu’être malheureux, s’il s’abandonne au penchant de son cœur. Il ne me reste qu’une ressource pour lui, c’est de l’arracher de ces lieux, de le forcer à me sui-