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aventurier qui se faisait passer pour un baron, et se crut frappée, à sa vue, de ce trait inévitable lancé par la sympathie. Le faux baron, qui était instruit de ses grands biens, de son caractère, et de celui de sa gouvernante, joua l’éblouissement à sa première vue. Il répéta, mot à mot, les scènes dont les romans modernes offrent des modèles, pendant qu’un homme de son espèce, et qui lui était dévoué, s’efforçait de persuader à la Benoît la passion la plus vive. La nuit parut courte à nos deux pauvres dupes ; elles se retirèrent toutes occupées de leur aventure et, comme elles avaient, comme par hasard, appris aux deux étrangers le lieu où elles se promenaient tous les jours, elles ne doutèrent pas de les y trouver le lendemain. Elles ne furent pas trompées dans leur attente : on se promena ; et la Benoît, qui ne voulait rien perdre des discours tendres de son nouvel amant, permit à son élève de marcher quelques pas devant elle avec le baron. Les rendez-vous furent