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cieuse, auprès d’une jeune fille, qu’une femme déréglée, dont les maximes révolteraient un cœur innocent.

Cependant, les parens d’Henriette regardaient leur gouvernante comme la huitième merveille du monde ; elle n’ouvrait la bouche, en leur présence, que pour faire l’éloge de leur fille : c’était une personne toute parfaite, chez laquelle la nature avait fait tout ce qu’on pouvait attendre de l’éducation. Cette conduite la leur faisait regarder comme une femme qui avait le discernement exquis, et leur confiance en elle était sans bornes.

Cependant le moment fatal approchait où Henriette allait apprendre qu’une vertu de tempérament, et qui n’est pas fondée sur la religion, est un verre fragile : elle allait être convaincue que celles qui n’ont pas soin de mettre une garde sûre à leur cœur, ne peuvent compter sur leur sagesse. Elle avait été priée d’un bal où sa mère, qui ne pouvait veiller, l’envoya avec mademoiselle Benoît. Henriette y vit un