Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(137)

êtes vengée ! rendez-moi votre amour.

Le cœur entend le langage du cœur. Rannée conçut que le repentir du prince était sincère ; l’amour plaidait sa cause. Cependant elle craignait d’occasionner une rechute par un pardon trop facile. Clio vint la tirer de cet embarras. Elle parut tout-à-coup, et relevant Mascave, que la honte empêchait de lever les yeux vers elle : vous triomphez, Rannée, dit-elle à la princesse ; c’était à votre persévérance dans la vertu, que les dieux avaient attaché le retour de Mascave, et celui de votre beauté. À ces mots, Mascave jette les yeux sur la princesse ; il reconnaît ces traits enchanteurs qui l’avaient séduit dans sa rivale, et il y retrouve ce qui manquait à la dernière, ce fard qui n’appartient qu’à la pudeur et à la décence, d’ajouter à la beauté, et qui l’embellissent encore. Clio les conduisit à l’appartement du roi et de la reine qui, à la vue de la fée, ne peuvent plus douter qu’elle ne soit leur fille. Dans le même