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le dégoûter de Betsi, lui dit au contraire tout le bien qu’elle pouvait en dire sans mentir, et s’attacha à excuser ses défauts. Pendant ce tems, le faux duc jurait à l’orgueilleuse paysanne qu’elle était la plus belle personne du monde, et qu’il se croirait trop heureux si elle voulait devenir duchesse en l’épousant. Betsi, qui n’avait fait semblant d’aimer son premier amant que par ambition et par intérêt, pensa qu’il était plus avantageux d’être duchesse, que simple lady, et dit au duc de nouvelle fabrique qu’il fallait se hâter de la demander à son père, avant qu’un certain gentilhomme de campagne eût fait ses propositions. Le valet la ramena dans le carrosse ; et, quoiqu’il fît très-froid, elle baissa toutes les glaces pour être vue de tous les gens du village. Elle fut fort surprise de trouver son premier amant chez son père ; et, quand il lui reprocha son inconstance, elle lui dit qu’elle s’était moquée de lui, et qu’elle ne l’avait jamais aimé. Je vous laisse ma sœur pour vous