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bonne ; lui disait la princesse, je pardonne a tout le monde de me méconnaître ; mais je ne pourrai jamais oublier l’erreur de Mascave : son cœur devrait-il balancer entre moi et ma rivale ? Clio riait de la colère de Rannée, et, cependant s’affligeait de l’oubli du prince. La volupté serrait chaque jour les liens qui l’attachaient à la fausse princesse. Vingt fois par jour, le mépris, le dégoût le chassaient de son appartement, et vingt fois l’habitude l’y ramenait. Dans un de ces momens de dégoût, il passa proche de l’appartement de Rannée, et son inquiétude le porta à y entrer. Il cherche dans sa conversation du soulagement à l’ennui qui le poursuivait sans cesse ; il retrouve dans ses discours ces grâces qui l’avaient autrefois charmé. Il oublie en l’écoutant le changement de ses traits : à la sagesse de ses discours, il croit retrouver sa princesse ; un regard jeté sur elle réprime ce retour de son cœur. Il baisse les yeux, l’écoute encore : son ame s’a-