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de ses parens la permission d’aller à Lutésie, pour demander la princesse à son père. Clio l’avait averti qu’elle devait lui être rendue deux jours après son arrivée dans cette cour. Il y parut avec un cortège superbe, et conduit par Clio qui lui rendit Aris favorable. Par l’ordre de la fée, toute la cour se rendit dans une grande plaine ; et vit, avec des transports de joie, les deux palais aériens s’approcher lentement : ils s’ouvrent ; les deux Rannée sortent en même tems, et vont se jeter aux pieds d’Aris et de Mithra. Le doux nom de père sort en même tems de leur bouche. Aris veut se livrer à la joie ; son cœur s’y refusa. Une des deux est sa fille : il frémit dans la crainte de se tromper. La nature ne s’explique pas plus clairement dans le cœur de Mithra ; on se flatte que l’amour sera plus clairvoyant. On prie Mascave d’approcher et de décider entre ces deux rivales. Mais ô prodiges ! à peine ont-elles jeté les yeux sur lui, que la vraie Rannée devient