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quille, elle rejoignit Mascave, et prit avec lui le chemin de la Chine.

Pendant le court espace qu’elle mit à faire ce long voyage, elle instruisit le prince de son sexe et des raisons qui l’avaient engagé à le lui cacher. Mascave rougit de se voir sous des habits de femme ; mais la fée, d’un coup de baguette, les changea, et, ce qu’il y a de surprenant, c’est que le jeune prince ne se trouva point embarrassé de ces nouveaux habits. Il jetait des yeux avides sur les contrées diverses qu’il parcourait. Et, quoique la nouveauté de ces objets fut bien capable de faire diversion à ses pensées, ses yeux se tournaient sans cesse sur le palais qu’il venait de quitter. Il soupirait pour Rannée, mais d’une manière tranquille. Ses sentimens pour elle n’avaient été jusqu’alors qu’une amitié extrêmement tendre ; le moment était venu où il allait en éprouver de plus vifs. Arrivé proche du palais où son père faisait sa résidence, la fée lui présente un cheval superbement enhar-