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cave fut ravi de ce changement, et perdit sans s’en apercevoir, le dégoût que lui avaient inspirés les défauts de Rannée : l’amitié y succéda, et de l’amitié à l’amour, le chemin est aisé à faire à l’âge de dix-huit ans.

Mascave était parvenu à ce terme : Rannée finissait son troisième lustre, et l’on eût eu peine à croire qu’elle n’était pas née parfaite, tant l’exercice de toutes les vertus lui était devenu naturel. Cet aimable couple, sans curiosité pour ce qui se passait dans le reste de l’univers, se suffisait à lui-même ; mais le tems des grands événemens approchait. Clio annonça à Mascave qu’il fallait se séparer de Rannée ; et, quoiqu’elle flattât ces enfans d’une prompte réunion, ils furent inconsolables : il fallut arracher Mascave des bras de Rannée, qui resta sans sentiment dans ceux de Clio. Cette fée employa, pour la consoler, tout ce que l’amitié qu’elle avait pour elle, lui put suggérer ; et, l’ayant vue plus tran-