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jourd’hui, je veux être telle que vous le voulez, et Mascave n’aura pas le cœur de me donner du chagrin.

Dans le moment, Mascave entra. Il tenait une carte de géographie qu’il voulut cacher par complaisance ; car Rannée qui s’était d’abord attachée à cette science avec passion, s’en était dégoûtée depuis un mois. Ne cachez pas votre carte, dit-elle à Mascave ; venez, ma chère sœur, nous étudierons : je ne veux plus aimer que ce qui vous amusera, à condition que vous m’aimerez aussi. Mascave, avait le cœur excellent ; il fut touché de la complaisance de Rannée, et la reconnaissance l’engagea à redoubler ses attentions pour elle. Rannée, charmée du changement qu’elle vit en lui, continua à corriger en elle tout ce qui déplaisait à Mascave : insensiblement elle prit l’habitude de conformer ses goûts aux siens, et cette habitude s’étant fortifiée pendant plusieurs années, forma en elle comme une seconde nature. Mas-