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excepté Mascave. J’en conviens, lui dit la fée ; mais les défauts de votre caractère font oublier la régularité de vos traits. Mascave vous voit aujourd’hui avec indifférence ; bientôt elle vous méprisera et parviendra enfin à vous haïr. Ah ! madame, j’en mourrais de douleur, s’écria Rannée, en se jettant dans les bras de Clio. Mais serait-il possible que Mascave pût me haïr ? elle serait bien ingrate, car je l’aime fort. Vous le croyez, lui dit la fée : pour moi, je pense que vous ne l’aimez guère, car vous faites à tous momens des choses qui lui déplaisent. Pensez-vous donc qu’elle puisse vous trouver aimable, quand vous vous mettez en colère, et que vous manquez de douceur ; quand vous haïssez aujourd’hui ce que vous aimiez hier à la folie ? Non, ma chère Rannée, Mascave ne peut vous aimer avec tous ces défauts ; si vous voulez qu’elle s’attache à vous, corrigez-vous, suivez son exemple. Ah ! ma bonne, je vous le promets, dit Rannée ; dès au-