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de la conception de la princesse, les méchantes fées avaient épuisé leur art à douer du même tempérament la fille d’une femme de basse condition, qui avait reçu l’être au même instant ; même tempérament, même conformation d’organes, même taille, mêmes dispositions pour les vices et les vertus.

La fausse Rannée fut conduite par Alecto dans le palais de cristal qui s’était fixé sur la montagne ; et, pour empêcher qu’on ne découvrît sa fourberie, elle avait emprunté la figure de Clio. Cette dernière se riait de la malice de son ennemie ; Alecto pouvait tromper le roi et toute la cour en la contrefaisant ; mais il lui manquait un Mascave, et l’éducation allait mettre une différence infinie entre ces deux filles, si semblables d’ailleurs.

Clio enleva dans le même tems le prince de la Chine, et le transporta dans le palais aérien ; mais, comme il importait à ses desseins qu’il ne fût pas connu pour ce qu’il était, elle déguisa son sexe, et