Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(117)

de vue pour quelques instans la fée et la princesse.

Deux palais de cristal parurent à la distance des yeux ; et, lorsqu’on les eut considéré quelques instans, les mouvemens du cœur ramenèrent tous les regards vers la princesse. Mais, ô surprise ! on vit deux Clio, si parfaitement ressemblantes, qu’il n’était pas possible de les distinguer : elles tenaient chacune un enfant dans leurs bras, et s’avançaient vers ces beaux palais. À peine y furent-elles entrées, que l’un se fixa sur le sommet d’une montagne inaccessible ; l’autre s’éleva tellement dans les airs, qu’on pouvait à peine l’apercevoir.

Le roi et toute sa cour avaient les yeux fixés vers ces deux palais, sans pouvoir distinguer celui des deux qui renfermait la vraie Clio et la princesse leur fille. Le lecteur ne le distingue pas non plus, j’en suis sûre ; je dois l’en instruire. Cette multiplication était un effet de la malice d’Alecto : on le conçoit assez. Au moment