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de ce moment pour exécuter ses projets.

Je souhaite, dit cette furie, qui tenait Rannée dans ses bras, je souhaite que ton cœur ne puisse se refuser au premier mortel qui s’offrira à ta vue, et que tu ne puisses conserver ta beauté que jusqu’au moment où tu connaîtras ton amant. Je souhaite que, méconnue de tous ceux à qui tu seras chère, tu te voies disputer ton rang, ton amant et ton nom. Je souhaite…

Doucement, ma sœur, dit Clio ; le soleil a parcouru la moitié du chemin qu’il doit faire pendant son absence de ces lieux : minuit sonne. Ne croyez pas pourtant que je fasse le plus petit effort pour déranger ce que vous venez de souhaiter : que vos vues soient remplies par rapport à Rannée, j’y consens ; mais si elle conserve toute sa vertu jusqu’à sa vingtième aimée, son sort sera fixé, et vous perdrez sur elle les droits que vous a donné le moment de sa naissance.

Clio avait pris Rannée des mains d’A-