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servira au triomphe de la princesse et du mien. Croyez-vous que je ne puisse retenir un cœur, sans le secours de deux beaux yeux ? Ma puissance aurait de trop faibles fondemens. Je ne règne despotiquement que sur les ames unies par les liens de la vertu ; ce sont les seuls durables.

À peine Alecto était-elle descendue sur la terre, qu’on vit paraître Clio dans l’empire de l’amour. Elle était conduite par les Grâces qui ne l’avaient point abandonnée, quoiqu’elle fût aussi âgée que sa compagne. Sa parure était simple et sans art, et dans son état négligé, elle conservait une fraîcheur que le calme des passions avait entretenu, et qui faisait oublier qu’elle n’était plus jeune. La paix de l’ame recule la vieillesse, et la vertu orne le visage, quand la beauté disparaît.

L’Amour, saisi d’un sentiment respectueux à la vue de Clio, met à ses pieds ses armes victorieuses. Disposez-en, madame, lui dit-il ; les mortels n’auraient