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mis dans le cœur de tous les hommes pour former la société.

Les six méchantes fées riaient de la conférence de leurs sœurs. Elles croyaient avoir pris des mesures infaillibles par rapport à Rannée. Toutefois elles n’oublièrent rien pour s’instruire du résultat de leur conférence ; ce fut en vain : les bonnes fées, par un privilège spécial, étaient femmes, et savaient se taire. Le moment de la naissance de Rannée approchait. Alecto, dans le mois de laquelle elle devait naître, se méfiant de ses talens, résolut d’intéresser l’Amour, à la perte de cette princesse. Elle avait ouï dire que ce dieu n’est favorable aux mortels que dans le printems de leur âge : elle touchait à son hiver, et craignait avec raison de n’être point admise dans le palais du dieu de la jeunesse. Elle résolut de recourir à l’art pour cacher les ravages que les années avaient fait sur sa personne. Elle avait vécu cinquante-cinq ans sans savoir que la parure ajoute le ridicule à la lai-