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l’Amour entend ses intérêts, il secondera vos intentions. Un tel miracle le réconcilierait avec les plus sévères qui déclament sans cesse contre lui, et qui l’accusent de tous les désordres de l’univers.

C’est une injustice, répondit Clio : l’Amour est par lui-même le lien de la société ; mais il prend la teinture des cœurs qu’il blesse. Dans une ame vertueuse, il augmente les vertus ; il se dénature dans les cœurs vicieux, et devient brutalité et aveuglement : en un mot, l’Amour, trop souvent père de tous les vices, peut et doit devenir, dans le dessein des immortels, père de toutes les vertus. Quand elles sont offertes, par la main de ce dieu, à des jeunes cœurs, ils s’ouvrent avec empressement pour les recevoir ; mais il faut remarquer que cet amour, pour être en état de produire les grands biens que j’en promets, doit être présenté des mains du devoir. Il faut que ce soit lui qui détermine une jeune personne à s’abandonner aux mouvemens naturels que la providence a