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par lassitude ; et, malheureuse pour malheureuse, elle se déterminera à l’être de la façon qui lui paraîtra la plus conforme au penchant de son cœur. Croyez-vous, mes sœurs, que, dans ces différentes positions, Rannée soit bien propre à remplir les devoirs du haut rang auquel la destinent les dieux ? Son triste cœur, accablé, n’aura pas le courage de s’occuper d’autre chose, que de ses malheurs, et ne sera pas en situation de penser à procurer le bonheur des autres.

Ah ! ma sœur, s’écrièrent les trois fées, comme de concert, que vous nous causez de vives alarmes ! Serait-il possible que les dieux, en vous découvrant toute la grandeur du mal, ne vous en eussent point appris le remède ?

N’en doutez pas, mes sœurs, répondit Clio, ils ne m’ont point éclairée à demi. Ils veillent avec une bonté toute particulière sur les hommes, mais beaucoup plus sur les souverains qui sont leur image sur la terre. C’est sans doute leur provi-