Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(7)

visage ; on doit se marier avec un caractère, cela reste. Si j’épousais Betsi, et qu’elle eût la petite vérole le lendemain de ses noces, il ne me resterait rien du tout.

Cependant Betsi courut vite dire à son père qu’elle allait devenir une grande dame, puisqu’un lord lui avait promis de l’épouser. D’abord son père se moqua d’elle ; mais ayant vu les guinées, et sachant que ce seigneur devait revenir le lendemain, il ne savait plus que penser. Betsi courut vite acheter des rubans, des dentelles, et employa toutes les ouvrières du village après elle. Le soir elle se para, et fut aux marionnettes ; car elle n’attendait son amant que le lendemain, et ne voulait pas perdre une occasion de s’amuser. Pendant ce tems, ce gentilhomme ne savait à quoi se déterminer. Les manières de Betsi lui paraissaient hardies ; il voyait qu’elle avait le cœur dur, intéressé ; et pourtant elle était si belle, qu’il ne pouvait s’empêcher de l’excuser. Elle n’a