Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(104)

que certains hommes ne sont laids et dégoûtans que par comparaison. Dans ce grand nombre d’objets rebutans que vous offrirez à sa vue, la laideur, les vices seront différenciés : nul, je l’avoue, ne sera capable de plaire à sa raison, et, à coup sûr, il s’en trouvera quelques-uns qui plairont à son caprice ; et, chez les femmes, nous ne l’éprouvons que trop, le caprice a plus d’empire que la raison. D’ailleurs, notre princesse plaira à ces hommes que nous supposons incapables de lui plaire ; et quel changement l’amour n’est-il pas capable de produire chez eux ! Le brutal deviendra complaisant, le capricieux égal, le vicieux hypocrite : je ne jurerais pas même que quelques-uns d’entr’eux ne devînssent vertueux, mais d’une vertu momentanée, et qui, peut-être, ne durerait qu’autant que son amour ; or, vous savez, mes sœurs, combien peu il faut compter sur la durée de ce sentiment.

Considérez encore, je vous prie, qu’il s’agit de corriger notre princesse. Que