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riorité de vos lumières sur les miennes, et j’y ferai hommage dans toutes sortes d’occasions ; mais, dans celle-ci, les immortels qui me chargent des premières années de la princesse qui se nommera Rannée ; les dieux, dis-je, me communiquent leur sagesse pour ce grand ouvrage. Ils proportionnent nos talens aux emplois qu’ils nous destinent, et voici ce qu’ils me découvrent.

Toutes les passions de Rannée seront violentes, mais subordonnées à la tendresse qui sera chez elle la dominante. Dans les intentions de nos méchantes sœurs, ce cœur, susceptible et tendre, est un présent funeste qui doit rendre mon élève la plus méprisable de toutes les femmes ; mais les dieux se jouent des méchans, et tournent contr’eux les artifices dont ils se servent. La sensibilité du cœur de Rannée deviendra le remède de tous ses autres défauts. Elle amortira son ambition, lui fera mépriser les richesses, fixera sa légèreté, ses caprices et son in-