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dans le même embarras qu’aujourd’hui. La princesse doit un jour donner un héritier à cet empire : il ne serait pas à propos que son horreur pour les hommes fût si générale ; elle deviendrait peut-être sans remède, et, outre que cela ne conviendrait pas à nos vues, cette horreur pour les hommes ne serait pas juste. Il faut avouer qu’il y en a d’estimables, qui méritent l’attachement d’une femme de bon sens ; mais le nombre en est si petit, que nous ne devons rien oublier pour la rendre circonspecte. Je voudrais donc que, du milieu du palais solitaire où nous la ferons élever, elle pût découvrir les malheurs que causent dans le monde toutes les passions, et principalement l’amour : cela suffirait, ce me semble, pour l’obliger à se tenir sur ses gardes, et à travailler de bonne heure à se modérer.

Les dieux commencent à protéger notre princesse, s’écria Clio en pleurant de joie ; ils m’en donnent présentement une preuve sensible. Je connais, mes sœurs, la supé-