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tables que votre roi, madame ? dit un courtisan, soi-disant esprit fort ; car il en était resté quelques-uns à la cour d’Aris. Comparaison n’est pas raison : je crois sur-tout qu’on n’en doit jamais faire par rapport à la divinité. Nos idées sur la justice, et les autres perfections des dieux, sont peut-être fausses ; et certainement elles sont très faibles. Le fini ne peut porter de jugement sûr par rapport à l’infini, et doit adorer les immortels sans chercher à les comprendre ; car, pour connaître la nature de leurs perfections, il faudrait participer à leur divinité.

La fée, dit au courtisan qui, après avoir fait le beau raisonnement que nous avons rapporté, prit un air satisfait ; et, regardant l’assemblée avec dédain, il semblait lui reprocher, par un souris moqueur, l’applaudissement qu’elle avait donné au discours de la sage Uranie. Elle lui dit froidement :

Vous avez pris une expression pour une autre, monsieur. Vous dites que nous ne