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tion à la fée. J’avais toujours cru, lui dit-elle, que nos vices et nos vertus dépendaient d’une fatalité ou destin que rien ne pouvait changer, et que tout le pouvoir des fées consistait à faire naître les enfans sous des aspects si favorables ou si funestes, que tous les soins de l’éducation devenaient inutiles.

Vous étiez dans l’erreur, répondit Uranie ; cette pensée outrage la sagesse et la bonté des dieux. Croyez-vous donc qu’ils aient abandonné à un hasard aveugle les choses d’où dépend la félicité des mortels ? c’est leur supposer bien peu d’amour pour les créatures qui sont leurs ouvrages. Si nos vices ou nos vertus dépendaient d’une fatalité insurmontable, de quel droit puniraient-ils des crimes involontaires ? La vertu ne serait plus qu’un vain nom, puisqu’on ne peut appeler vertueux qu’un homme qui choisit de faire le bien. Aris serait injuste s’il punissait celui qui l’aurait outragé en dormant ou dans le délire. Croyez-vous donc les dieux moins équi-