Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(91)

au nom de Chéri qu’il portait, celui d’Heureux. Quelque tems après, il fut à la chasse, et il ne prit rien, ce qui le mit de mauvaise humeur : il lui sembla alors que sa bague lui pressait un peu le doigt ; mais comme elle ne le piquait pas, il n’y fit pas beaucoup attention. En rentrant dans sa chambre, sa petite chienne Bibi vint à lui en sautant pour le caresser, il lui dit : retire-toi ; je ne suis plus d’humeur de recevoir tes caresses. La pauvre petite chienne, qui ne l’entendait pas, le tirait par son habit pour l’obliger à la regarder au moins. Cela impatienta Chéri, qui lui donna un grand coup de pied. Dans le moment la bague le piqua, comme si c’eût été une épingle : il fut bien étonné, et s’assit tout honteux dans un coin de sa chambre. Il disait en lui-même : je crois que la fée se moque de moi ; quel grand mal ai-je fait pour donner un coup de pied à un animal qui m’importune ? À quoi me sert d’être maître d’un grand empire, puisque je n’ai pas