Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(71)

en connaîtrait la nécessité. Elle devient donc une sotte, tout occupée de puérilités, de chiffons, de spectacles ; cela dure jusqu’à trente ans, quarante ans au plus, pourvu que la petite vérole, ou quelqu’autre maladie, ne vienne pas déranger sa beauté plutôt. Mais quand on n’est plus jeune, on ne peut plus rien apprendre ; ainsi, cette belle fille, qui ne l’est plus, reste une sotte pour toute sa vie, quoique la nature lui ait donné autant d’esprit qu’à une autre ; au lieu que la laide, qui est devenue fort aimable, se moque des maladies et de la vieillesse, qui ne peuvent rien lui ôter ».

Laidronette, après avoir lu cette lettre qui semblait avoir été écrite pour elle, résolut de profiter des vérités qu’elle lui avait découvertes. Elle redemande ses maîtres, s’applique à la lecture, fait de bonnes réflexions sur ce qu’elle lit, et, en peu de tems, devient une fille de mérite. Quand elle était obligée de suivre sa mère dans les compagnies, elle se mettait tou-