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ouvrant le livre, elle trouva celle que je vais vous rapporter :

« Vous me demandez, d’où vient que la plus grande partie des belles personnes sont extrêmement sottes et stupides ? Je crois pouvoir vous en dire la raison. Ce n’est pas qu’elles aient moins d’esprit que les autres, en venant au monde ; mais c’est qu’elles négligent de le cultiver. Toutes les femmes ont de la vanité ; elles veulent plaire. Une laide connaît qu’elle ne peut être aimée à cause de son visage, cela lui donne la pensée de se distinguer par son esprit. Elle étudie donc beaucoup, et elle parvient à devenir aimable, malgré la nature. La belle, au contraire, n’a qu’à se montrer pour plaire, sa vanité est satisfaite : comme elle ne réfléchit jamais, elle ne pense pas que sa beauté n’aura qu’un tems ; d’ailleurs elle est si occupée de sa parure, du soin de courir les assemblées pour se montrer, pour recevoir des louanges, qu’elle n’aurait pas le tems de cultiver son esprit, quand même elle